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« amis me l'a dit, et l'avoir vû mettre pied à terre, lui « neuvieme, chez la Reine votre mere. — U est venu, « dit encore le Roy! » Puis contre sa coutume jura, di­sant : « Par la mort D..., il en mourra. est logé le « colonel Alphonse? - En la ruë Saint-Honoré, dit le « sieur de Villeroy. Envoyez-le querir, dit le Roy; « et qu'on lui dise qu'il s'en vienne soudain parler à « moi. »
« Le Roy donc étant ainsi averti de cette venue contre son espérance, sur l'assurance du contraire qu'on lui avoit donnée, se résout toutefois de le recevoir et de l'écouter. La Reine sa mere, laquelle depuis deux ans et plus auparavant n'avoit point mis le pied dans le Louvre, se fait mettre en sa chaise, s'y fait porter, le duc de Guise marchant à pied à son côté. Elle le pré­senta au Roy, en la chambre de la Reine. D'abord le Roy blêmit; et mordant ses lévres, le reçoit, et lui dit qu'il trouvoit fort étrange qu'il eût entrepris de venir en sa cour contre sa volonté et son commandement. Il s'en excuse, et en demande pardon, fondé sur le desir qu'il avoit de representer lui-même à Sa Majesté la sincérité de ses actions, et de les défendre contre les calomnies et les impostures de ses ennemis, qui par divers moyens en avoient détourné la créance qu'en devoit prendre Sa Majesté.
« La Reine mere s'entremet là-dessus, la Reine aussi; il est reçu en grace. Le Roy se retire en sa chambre; lui aussi, peu de tems après, accompagnant la Reine mere jusqu'en son logis, s'en va à l'hotel de Guise. Cependant le Roy, merveilleusement outré en son cou­rage de l'incroyable audace de ce duc, entre en soi--même; puis après plusieurs inquiétudes de discours
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